L'amour désuet, amour courtois

Les enfers d’aucuns, ceux-là qui nous tourmentent, nous torturent sans fin,
Sont en nous-même enfouis, carcan de préjugés, de nos craintes l’écrin,
Où j’aime imaginer qu’il est d’autres ailleurs, des lieux d’amour rhapsode,
Où je pourrais aimer, rêver et caresser, l’idée d’un jour écrire sans encourir l’opprobre,
Un endroit où les cœurs se verront déclinés et couchés à la plume dessus un parchemin,

Débarrassés enfin de cette déraison qui corrompt à jamais l’idée d’un genre humain….
Il fut un avant toi où je n’aimais que moi, et un moi ce jour d’hui où je n’aime que toi,
Découverte d’un être parmi la multitude, que j’ai nommé céans, ma douce Destinée.
Avec pour seules maistresses, ma belle Liberté, ma suave Solitude, amies du désarroi,
Que je cachais tréfonds, oubliettes du cœur, espérant en mon for qu’encor estre aimé…

Et enfin tu me vins, après un demi-siècle à butiner en vain, à aimer pis aller,
Un feu devenu braises quelque peu clairsemées aux confins d’outre cœur,
Que nul non plus que moi au fil des années ne croyait réveiller,
Endormis à jamais tous ces émois d’amour qui frappent de stupeur…

Ainsi ce madrigal un soupçon poétique, cette douce élégie,
Se veulent en vostre honneur l’offrande de mon Être,
Le présent de cet homme que dès avant je suis,
Et pour seul horizon mon amour vous soumettre.

Et si je vous parais assurément désuet, démodé et vieillot,
Il est de mon plaisir de blason redorer des amours courtois
Pour donner à nos jours, à nos instants présents un air de bel canto
Qui à n’en point douter Ma Mie, j’ose espérer, sauront chanter en toi…