lundi 13 avril 2009

Souvenirs d’antan

Il avait 4 ou 5 ans, s’il s’en souvient,
C’était l’hiver, décembre 56 ou 7 il croit,
Vestus de quelques loques, sa mère et lui,
Jusqu’au petit matin erraient.

Il ne comprend pas, il a si froid,
Maman, s’il te plait, rentrons !!!
Nous ne pouvons mon fils !!!
J’ai froid, si froid…

Les heures passent, ouatées, lentes, il tremble,
Ils marchent encore et encore il lui semble,
Maman, Maman, s’il te plait,
Je suis fatigué !!!

Une bonne dame les recueille, une secourable main,
Madame Baptiste s’il s’en souvient…
Un lit, juste un lit, rien qu’un peu de chaleur,
C’était hier…

Elle le trompait, il la battait,
Il se saoulait mais il l’aimait,
Dehors les a jetés,
S’il s’en souvient…

Le temps passa, emportant avec lui ses cohortes d’amants,
De mal en pis, de mauvais temps,
Point de princes charmants,
Il rêvait tant…

Des piliers de bistros, des sales types avinés,
Sentant le mauvais vin et la sueur faisandée,
Qui la troussaient en vain.
S’il s’en souvient…

Cette femme, sa mère il croit,
Elle était sa vie, son seul aloi,
Il l’aimait sans questions,
Sa Maman…

Les coups de ceinturon, les insultes volantes,
Il les a bien connus, c’était une constante,
Maman, défends-moi,
S’il te plait…

Puis des gens sont venus,
Tout de sombre vestus,
Au loin l’ont emporté, au diable vauvert,
S’il s’en souvient…

En pays de Haute-Loire il lui semble,
Des hivers sans fin, là où les pierres se fendent,
Il avait 8 ans, était seul.
Maman, où es-tu ???

La faim les tenaillait, ils étaient des gamins,
Unis par la misère, unis par le destin,
Plus de baiser, juste des religieux la trique,
S’il s’en souvient…

Ils allaient dans les champs rober deux ou trois raves,
C’était pour les cochons leur disaient les biens braves,
Mais qu’importe le goust, l’estomac sans moquait,
Manger…

La mère n'est plus, mais le fut elle ?
Sans doute une sotte oiselle.
La femme non plus, mais elle fut.
Catin...

Ce jour d’hui il est homme, enfin il croit,
Ce n’est pas du Hugo, non plus que du Zola,
Son nom n’est pas Cosette,
Et pourtant…

Point de Valjean, point de fées,
Si tant de Thénardier,
Son cœur s’est clos,
Il s’en souvient…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à vous.... me voici revenue de loin, que de lecture vais-je avoir !
j'ai pleuré à la lecture de ce poème et je vous comprends mieux...,
comment peut-on vivre en harmonie après avoir vécu de tels souvenirs ?
Il faut être Boris Cyrulnik pour atteindre le "bonheur" par la souffrance...
Antan n'a pas été généreux pour cet enfant, mais vous vous en sortirez toujours par votre écriture et votre "moi" intérieur.
En lisant j'aurais envie de bercer cet enfant pour lui épargner les larmes, ce sont elles qui l'ont construit et qui ont fermé son cœur....
Pensées pour vous. yo

Anonyme a dit…

Hier j'ai mis cette réponse....qui semble n'être pas passée pour une raison que j'ignore.

Bonjour à vous.... me voici revenue de loin, que de lecture vais-je avoir !

J'ai pleuré à la lecture de ce poème et je vous comprends mieux...,
comment peut-on vivre en harmonie après avoir vécu de tels souvenirs ?
Il faut être Boris Cyrulnik pour atteindre le "bonheur" par la souffrance...

Antan n'a pas été généreux pour cet enfant, mais vous vous en sortirez toujours par votre écriture et votre "moi" intérieur.

En lisant j'aurais envie de bercer cet enfant pour lui épargner les larmes, ce sont elles qui l'ont construit et qui ont fermé son cœur....
Pensées pour vous. yo