Il décida un jour de sombre de se crever les yeux
Puis un autre, de même
à ses tympans
Alors, alors seulement, il écouta son coeur
Et ne vit
qu'avec son imagination.
Dès lors tout devint mélodieux et beau...
Les fleurs inventées étaient des plus merveilleuses,
Le gasouilli des
oiseaux des plus extraordinaires
Les vents chantaient d'autres mélopées
Les eaux calmes bruissaient d'autres cliquetis
Les furieuses sonnaient
d'autres tocsins
Les fureurs du ciel se firent symphoniques
Et plus rien
dès ce temps ne fut laid.
Plus rien sauf les senteurs
Alors il se
coupa le nez pour humer de son for
Dans lequel plus jamais ne furent les
puanteurs
L'air sentait bon, le romarin, les lilas
Le mimosa, les belles
de nuit.
Grand dieu, qu'il fleurait bon...
Mais dans ce monde,
celui qu'il se créa
Une chose encore clochait.
Il chercha longuement ce
qui pouvait boiter
Jusqu'à ce qu'un matin il cria eureka
Ce fut sont
dernier mot, il se coupa la langue
Alors, alors seulement il apprit à penser
A songer ses poèmes avec sérénité
Les hommes le disaient fou et
laid
Mais il s'en moquait bien,
Lui qui parlait aux anges,
Qui
inventait des fleurs,
Des couleurs improbables
Des senteurs sans pareil.
Nul ne le saluait, ne prenait soin de lui,
Quelques gamins curieux
lui jetaient quelques pierres,
Les femmes le raillaient, gloussaient et
ricanaient
Mais sans moquait bien, il les voyait pas,
Non plus les
entendait, non plus ne les sentait.
Vivant dans une jarre, se dardant
au soleil
Il songeait à ces temps où il cherchait un homme
Et dit à
Alexandre: ôte toi de mon soleil !
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