vendredi 13 avril 2012

Si Diogène m'était conté

Il décida un jour de sombre de se crever les yeux
Puis un autre, de même à ses tympans
Alors, alors seulement, il écouta son coeur
Et ne vit qu'avec son imagination.
Dès lors tout devint mélodieux et beau...

Les fleurs inventées étaient des plus merveilleuses,
Le gasouilli des oiseaux des plus extraordinaires
Les vents chantaient d'autres mélopées
Les eaux calmes bruissaient d'autres cliquetis
Les furieuses sonnaient d'autres tocsins
Les fureurs du ciel se firent symphoniques
Et plus rien dès ce temps ne fut laid.

Plus rien sauf les senteurs
Alors il se coupa le nez pour humer de son for
Dans lequel plus jamais ne furent les puanteurs
L'air sentait bon, le romarin, les lilas
Le mimosa, les belles de nuit.
Grand dieu, qu'il fleurait bon...

Mais dans ce monde, celui qu'il se créa
Une chose encore clochait.
Il chercha longuement ce qui pouvait boiter
Jusqu'à ce qu'un matin il cria eureka
Ce fut sont dernier mot, il se coupa la langue
Alors, alors seulement il apprit à penser
A songer ses poèmes avec sérénité

Les hommes le disaient fou et laid
Mais il s'en moquait bien,
Lui qui parlait aux anges,
Qui inventait des fleurs,
Des couleurs improbables
Des senteurs sans pareil.

Nul ne le saluait, ne prenait soin de lui,
Quelques gamins curieux lui jetaient quelques pierres,
Les femmes le raillaient, gloussaient et ricanaient
Mais sans moquait bien, il les voyait pas,
Non plus les entendait, non plus ne les sentait.

Vivant dans une jarre, se dardant au soleil
Il songeait à ces temps où il cherchait un homme
Et dit à Alexandre: ôte toi de mon soleil !

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